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Submitted by an anonymous Daily Prompt user.

"She's not who she says she is."

Write a story that involves this line of speech.

L’ombre

"Elle n'est pas celle qu'elle prétend être."


La voix de Rose n'était qu'un murmure.

"C'est une dame pas gentille... Elle dit qu'elle est notre grand-mère."


Sophie se figea.


"Ah bon ?" demanda-t-elle, incertaine.


Encore une histoire de fantôme. Sa fille de cinq ans en parlait souvent, mais jamais elle n'aurait imaginé ressentir, même un instant, que quelque chose clochait vraiment.


Son cœur battait à tout rompre. Son regard oscillait entre Rose et le mur, puis revenait à sa fille. Tout semblait normal. Sauf ce rideau qui frémissait d'une façon étrange. Elle plissa les yeux. Une ombre, floue, vacillante, sembla surgir de la pénombre.


Non. C'est juste une illusion d'optique.


Elle essaya d'en définir les contours. Sa respiration s'accéléra. Une goutte de sueur glissa lentement sur son front.


Rose, elle, la voyait distinctement.


Des cheveux noirs tombant en mèches épaisses. Un visage creusé, raviné de rides profondes. Des yeux transparents, vides. Une robe à fleurs passée par le temps.


Le vieux parquet grinça sous ses pas.


L'ombre avança, lentement, vers Sophie. Deux pas feutrés. Puis encore deux. Silencieuse, implacable.


Puis elle tendit la main. Presque translucide. Effleura les cheveux blonds de Sophie.


Un frisson parcourut sa nuque. Comme un léger souffle glacé. Elle leva la main pour se toucher les cheveux, mais ne sentit rien d'anormal.


Rose retint son souffle.


Sa mère pouvait-elle la sentir ? Était-ce comme un frisson ? Un courant d'air froid ? Ou bien... comme une vraie main ?


La fillette sentit un frisson d'horreur lui parcourir l'échine.


C'était la première fois qu'elle avait peur.


Depuis toujours, elle voyait La Dame déambuler dans la maison, légère, sans poids. Mais jamais ainsi, jamais aussi proche, jamais aussi... réelle.


L'ombre fit encore un pas.


Son visage s'approcha de celui de Sophie. Tout près.


Presque nez à nez.


Puis, un cri.


Strident.


Rose s'effondra sur le parquet, recroquevillée, les mains plaquées sur ses yeux.


Une étreinte chaude, rassurante.


"Ça va, ma puce ? Qu'est-ce qui t'arrive ?"


Rose sanglota. "M...m'man, c'était la méchante dame ! Tu l'as vue ? Elle... elle t'a touché les cheveux !"


Sophie sourit doucement, mais son regard vacilla une seconde.


"Mais non, ma puce... Ce n'était qu'un courant d'air. Regarde, c'est juste l'ombre du chêne du jardin... Ce n'est rien."


Elle caressa la joue de sa fille.


"Allez, il est temps de prendre ton goûter, maintenant."


Rose se laissa soulever, ses pieds décollant du sol en bois sombre.


Sophie fronça légèrement les sourcils.

Rose semblait plus lourde que d'habitude.

Ou était-ce juste la fatigue ?


Elles quittèrent la pièce.


La porte du vieux salon claqua derrière elles.


Rose jeta un dernier regard vers l'endroit où La Dame se tenait quelques instants plus tôt.


Ses yeux s'embuèrent.


"Elle revient toujours."


Mais elle se tut.


Quelques minutes plus tard, une tarte aux fraises emplissait sa bouche d'un goût sucré. Ses larmes séchèrent, mais elle jetait encore des regards furtifs vers l'escalier.


Sophie alluma la télévision.


Le son était bas. Elle n'aimait pas le bruit.


Elle tourna machinalement la tête vers l'escalier.


Une ombre était assise là.


Immobile. Silencieuse. Elle les observait. Comme tous les jours.


Son regard pesait sur elles, comme s'il rétrécissait l'espace, assombrissait la lumière des lampes.

Dehors, il faisait nuit noire. Pourtant, la fin de l'après-midi n'était pas encore passée. Le crépuscule s'était effacé, avalé par une brume grise qui étouffait les rues alentours.

Sophie inspira lentement.


"Tant que Rose ne lui croit pas... tout ira bien."

Elle serra les bras autour de sa fille.

"Tout ira bien."

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