Au gré du vent se soulèvent les pétales Les pétales flétries des anciens bouquets Ces bouquets offerts à ceux qui ne sont plus Qui ne sont plus que souvenirs d’un temps perdu
Des visages gris et barbouillés Barbouillés et meurtris d’avoir trop pleuré D’avoir trop pleuré celui qui part pour un monde meilleur Un monde meilleur qui pour mortel n’inspire que frayeur
Mon coeur est vide et ma main tremble Elle tremble avide de prendre la tienne Mais la tienne est froide et rigide comme le métal Le métal glacé des poignées qui ornent ton cercueil
Ta vie s’en est allée bien trop tôt Bien trop tôt pour qu’elle ait pu t’appartenir Elle as glissé à travers toi comme des yeux glissent sur les inconnus Des inconnus privés de souvenirs de toi mais sans regret du temps perdu
Les corbeaux croassent en cacophonie au-dessus du cortège Pendant que criquets craquent en chœur leurs antennes écorchées Comment connaissent-ils la crapule qui croupit dans son cercueil Le croque-mort leur aurait-il confié qu’il coiffait un cruel croulant
Qu’importe l’écriteau accroché au crucifix du caveau Ce croûton crispé pourra bien s’incruster dans la corniche Son cadavre, même consacré est appelé à décrépir Parmi les croix incongrues et les chrysanthèmes écrasés
Tant que sa croupe ne sera pas picorée par les corbeaux Tant que son crâne ne sera pas creusé par les criquets Son seul crime sera d’avoir crétinisé les couards de son quartier Sans qu’ils croient s’être fait escroqués par ce con sans scrupules
Criez corbeaux, craquez criquets, votre cacophonie est trop courte Le crépuscule croît et le corps froid qu’on s’apprête à couvrir Est un bien médiocre sacrifice pour qu’on le complimente Pour qu’on choisisse les courbettes en concurrence au secret